La vérité sur le tampax

Internaute je vois d’ici ton nez retroussé devant mon sujet ô combien inattendu en ce frileux début de semaine. Figure-toi que l’idée m’est venue suite à l’intervention d’un quinqua désabusé dans le RER, lequel se plaignait que « nous, les femmes modernes, on n’a plus de charme. » D’aucunes s’insurgeraient peut-être sur le côté légèrement rétrograde de cette remarque sur la gent féminine, mais comme @Sarssipius m’a fort justement fait remarquer que je virais blog féministe, cette fois-ci je m’abstiendrai. Alors, oui, c’est vrai monsieur du RER, nous les femmes modernes on manque de charme. La faute à qui? La faute au tampax.

En effet internaute, fut un temps jadis où les femmes arboraient jupons et dentelles à toute heure. Sous ces féminins atours, bien malin qui aurait pu deviner, une semaine par mois, l’indispensable mais si inconfortable « culotte de règles ». Cette culotte, tu ne le sais sans doute pas, était rembourrée avec force torchons, et servait à juguler l’abondant flux notre saine fertilité. Elle devait être lavée à grande eau (froide) et séchée avant le prochain round. Pour se prémunir des taches malencontreuses, donc, jupons et dentelles à foison l’emmitouflaient sous une gracieuse robe cintrée de couleur sombre, et hop, en voilà une silhouette qui aurait plu à mon passager de RER.

Et puis un beau jour de 1931, le docteur Earl Haas osa. Pourquoi lui, pourquoi à ce moment, nul ne le sait. Mais sa fulgurance, elle, restera à jamais gravée dans nos coeurs. Eh oui internaute, tu as deviné: l’idée que peut-être la moitié de la population pourrait se fourrer un petit coton cylindrique dans le minou avec soulagement et entrain, c’est lui. Pratique jusqu’au bout, il n’oublia pas la ficelle qui dépasserait dans la luxuriance accueillante de nos culottes, pour un retrait ergonomique et rapide. Et ce fut la révolution: pantalons, sport, voyages, grâce à ce visionnaire, tout était désormais permis aux femmes.

Personnellement, je suis à la pointe du progrès en la matière, et j’ai toujours eu un faible pour les tampons avec applicateur. En effet, lorsqu’à l’âge de 14 ans une amie généreuse m’a dépannée d’un modèle dit « compact », je n’ai pas été emballée par la perspective d’introduire l’objet en le poussant avec le doigt, même avec lavabos et savon à portée de majeur. Alors que le voile satin qui glisse du tube en carton applicateur dans ma moumoune et s’y ouvre en corolle telle la chrysalide en son cocon, ça me parle. Un tour dans ma poche intérieure de sac à main, un dézip sur les pointillés, une pression du pouce, zou le tube dans la poubelle, et on n’en parle plus, classe la meuf.

Alors oui bien sûr, parfois le fil se tortille dans mon intime toison, m’arrachant une petite larme de souffrance quand je m’assois dans les transports en commun, et souvent je suis assaillie par le doute incoercible du « il est plein ou pas? » qui m’oblige à faire plus de pauses pipi que de raison, mais je conçois que nul n’est parfait. Et cela n’est rien, non rien internaute, comparé aux services inestimables que me rend mon coton malin : sprint derrière le bus, piscine à toute heure, slim blanc… je suis toujours prête, toujours à l’aise, toujours à fond. Et j’ai la prétention de croire que cette liberté me rend charmante, à ma façon. Alors docteur Earl Haas, en mon nom, et pour toutes celles qui un jour ont oublié jusqu’à mettre un protège-slip de sécurité, je n’aurai qu’un mot: MERCI.

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