Mon premier 10 km

Internaute,

si tel un @cyceron @ludoFJ et autres @Labynocle tu ne lis pas Cosmo, et je ne te jette pas la pierre, tu ne connois point cet article où il y a peu je racontai mes débuts en running .

Ce que tu ignores de toutes façons, c’est que cet article avait une suite. Cette suite, en exclu pour toi Internaute, la voici. Live photo report à l’appui.

Toujours plus !

Le problème avec le sport, c’est que maintenant que j’ai pris le rythme, j’ai besoin de mettre la barre toujours plus haut. Parce que toutes ces petites endorphines qui égayent ma journée d’entraînement, cumulées à la fierté que je ressens quand je réussis à atteindre mes objectifs, ça donne : une challengeuse. Il me faut un vrai défi. Mais quoi ?

Les ferias, avant de courir je croyais que c'était ça.

Quand je parle à mes parents de mes progrès fulgurants en footing, je vois bien qu’ils me regardent d’un air de qui est cette personne devant eux qui ressemble à leur fille. Mais comme je les tanne depuis deux mois avec mes histoires de joggeuse, ma mère m’appelle un soir pour me dire que cet été, le village où on passe nos vacances organise des « foulées » à l’occasion des ferias, soit une course de 10km à travers champs de maïs et chemins forestiers, même que l’année dernière Nicolas-le-fils-de-la-coiffeuse est arrivé premier du village. On peut s’inscrire sur internet. Ah d’accord. Il me reste deux mois pour m’entraîner sur 10km, et faire le meilleur temps possible, et ça, ça me fait un sacré objectif pour mes un an de footing. Merci Maman, je file m’inscrire.

 

Le jour J

Ca y est c’est les vacances, et aujourd’hui a lieu la grande course du village. Pour l’instant je n’ai jamais réussi à dépasser neuf kilomètres. Ce qui est certes déjà honorable en soi, hein, pour une ancienne « no sport » addict. Hier j’ai repéré le parcours avec le chien : c’est la flippe. Ca commence avec une bonne côte. Après,les bois, encore une côte, et la fin de la course traverse le village histoire que tout le monde puisse profiter de notre état de décomposition depuis sa fenêtre. Rien qu’en marchant le chien tirait déjà la langue.

On est 125 inscrits. La plupart sont des licenciés en athlétisme du canton qui ont l’habitude de faire toutes les courses du coin « pour le fun », entre potes bolides professionnels, et ça commence à me nouer le ventre. Le départ est à 19h, et je me vois déjà arriver au crépuscule, seule, alors que les organisateurs remballent la ligne et le podium. Ou alors perdue dans les bois obligée de dormir sur de la mousse au pied d’un pin. La honte sur moi et ma famille, y’a mon nom sur le dossard. En plus ma tante a dit à Nicolas-le-fils-de-la-coiffeuse que j’allais participer, elle l’a rencontré au marché. Nicolas m’a proposé de partir au point de rendez-vous ensemble alors je dois être à la hauteur. Au programme ce midi, pâtes au blé complet. Goûter : banane. Deux. Un litre d’eau. Et advienne que pourra.

L’épreuve, la vraie.

A 18h45 pétantes Nicolas déboule et gare sa petite voiture devant la maison. Je suis déjà en tenue, échauffée, on rejoint le point de ralliement au trot, comme si on avait de l’énergie à perdre. Nous sommes invités à rejoindre la ligne de départ. A ma gauche, une fille en short noir et perruque rose, à ma droite, un monsieur déguisé en tigre, y’en a qui n’ont pas peur d’avoir chaud ! Et de toutes parts des gens avec des sifflets. Soudain, coup de pistolet, c’est le départ, juste au moment où j’allais commencer à pleurer!

Le groupe démarre au quart de tour, et je me retrouve en toute fin de peloton. Au bout de deux minutes, Nicolas a disparu à l’horizon, et la moitié des coureurs avec lui. Mais comme il doit bien rester neuf kilomètres, je me rassure en me disant que certains vont s’épuiser et j’entame la côte tranquillement, bonjour madame la vache, salut les poulets, ça y est j’ai tout grimpé. Juste après cette ascension je vois le panneau «3km » et le stand de ravitaillement. Certains ont ralenti, épuisés par la montée, hin hin, j’le savais. On me tend un verre d’eau. Sauf que Internaute, va donc courir avec un verre d’eau sans le renverser.  Chaque gorgée me coupe le souffle et je commence à m’étouffer. Je renverse toute l’eau sur ma tête, ça va au moins me rafraîchir.

Au cinquième kilomètre je me demande déjà quand est-ce qu’on arrive, quand inopinément au détour d’un chemin j’avise mes parents, ainsi que ma grand-mère n°1 avec son labrador assis et attentif à ses pieds. Je fais donc celle qui galope comme qui rigole alors que je me sens proche de l’évanouissement. Huitième kilomètre : je rentre en zone de souffrance inconnue. Je n’ai toujours pas rattrapé le peloton, mais j’en ai dépassé certains qui se sont mis à marcher avec les pompiers qui nous surveillent. Nous rentrons dans le village, la route qui reste est interminable. Soudain, incroyable vision : ma mamie n°2, 87 ans, accompagnée de ma tante et de ses voisins, est sortie sur le bord de la route avec son tablier à fleurs et regarde défiler les coureurs arc boutée sur sa canne. Elle m’aperçoit. Coups de coude aux voisins, grands gestes, elle brandit sa béquille, éborgne deux-trois spectateurs, et crie à qui veut l’entendre: « c’est ma petite fille, là, avé la queue de cheval, l’as-tu vue ? Mais si, là, regarde ! Adiou, Lili, cours ! »

J’esquive la canne, un coucou aux voisins, un sourire à Mamie n°2, et une envie de rire irrépressible me saisit sur tout le dernier kilomètre en pensant à ce phénomène. Pas facile de courir en rigolant quand on est épuisée, mais ma douleur passe en arrière-plan, comme quoi ma tête et mon corps peuvent triper chacun de leur côté. Je ne sens plus mes jambes, mais j’entends au loin le son du micro qui égraine le nom des arrivants. Plus que 500m. Les gens se sont amassés autour du terrain de rugby, où m’attend la ligne d’arrivée. Ma sœur est là avec mon pull. Je reconnais des commerçants et des amis de la famille. Et là, incroyable, je trouve encore la force de sprinter, hors de mon corps. Coup d’œil vers l’horloge : 1heure 4minutes. Nicolas me rejoint tout frais et souriant, et me tend une banane et une bouteille. Sur le tableau, je suis classée 112éme sur 125. Mais l’important c’était de finir, mission accomplie.

Promis, l’année prochaine,  je ferai mieux !

Et en attendant…

... une alimentation saine pour bien récupèrer!

 

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Une réponse à Mon premier 10 km

  1. Terryjil dit :

    Même si c’est avec un certain train de retard, je dis bravo 🙂

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