La dérive des cons…

 

Internaute,

 

tu ne vas pas en revenir mais il y a peu je me disais que j’étais blasée de tout et que je ne trouverais plus jamais force de m’énerver assez pour pondre un billet sur ce blog. D’autant que, assiégée de cons en surnuméraire, j’avais vachement l’impression de brasser de l’air avec mes articles tous vénères à 175 followers et 50 vues. Ouais je sais les stats on s’en fout, ce qui compte c’est de verbaliser, mais vraiment ces derniers temps j’avais pas la gnaque. Pourtant je te jure, j’ai vu Dati faire la pute pour GDF au parlement européen dans Cash Investigation, j’ai lu les commentaires néo nazis sous la photo d’Eylan, et j’ai perdu tous mes point Miles au Monoplouc parce j’y vais pas assez souvent engraisser les actionnaires et affamer les agriculteurs intensifs.

Bien sûr, il m’est arrivé de penser qu’au lieu d’arroser notre secteur primaire de subventions à court terme pour que Hollande ne glisse pas dans le caca de vache et les pneus brûlés en sortant de la douche, le gouvernement devrait plutôt investir dans la reconversion des exploitations déficitaires version développement durable, et j’ai parfois eu envie de scarifier sur des fachos de souche que c’est pas parce qu’on a eu la chance de sortir d’une chatte en terre de France qu’on a fait quoi que ce soit pour mériter de se sentir au-dessus des autres. A la limite, c’est mon côté prolo-réac, je crois que si notre population n’essaie pas de s’élever intellectuellement plus haut que le comptoir du PMU, on n’aura plus rien d’un pays civilisé, et c’est pas avec des abrutis gréco-gaulois de ce genre qu’on risque de maintenir un semblant de dignité morale, mais bon, je les laisse dans leur marasme, car en effet comment les amener à utiliser leur synapses afin que jaillisse enfin de leur matière grise un semblant de raisonnement construit? Toute seule avec mon blog, je peux pas trop aider.

Après je me suis dit qu’avec un bon retour aux basiques en histoire géo, on arriverait peut-être à élaguer un peu d’ignorance crasse parmi les générations futures, alors je me suis tournée vers l’école avec espoir, car tu auras noté que là aussi on nous a promis du changement, et puis j’ai découvert la fameuse REFORME DU COLLEGE, dont le projet global est d’aligner vers le bas ceux qu’on ne peut pas tirer vers le haut, et ainsi institutionnaliser la fuite vers le privé de ceux qui veulent apprendre quelque chose et ont les moyens financiers de le faire. Et moi je parle pas dans le vent, parce que les décrets d’application je les ai lus, les nouveaux programmes aussi. Les textes hein, la vraie loi, pas les interviews du ministère qui disent que ça change en mieux. Du coup je sais de quoi je parle, et je te prédis que d’ici dix ans tu vas casquer grave pour instruire tes mioches, tu l’auras lu ici en premier et ça nous fera une belle jambe de savoir que j’avais raison quand il sera trop tard.

Car oui, j’ai espéré un sursaut d’indignation contre ce scandale majeur, et j’ai guetté les réactions de mes réseaux sociaux la semaine de la rentrée. Or, une fois encore, j’ai constaté que quand le sage montre la lune, la profusion de cons à la dérive regarde le doigt: ma timeline remplie de prof bashing (le sport préféré des « adultes responsables » du 1 au 10 septembre), une connasse au 20h pour dire qu’il y a « beaucoup d’absences de profs au collège » sans que personne ne signale dans ce reportage très utile et documenté et pas du tout démago que par exemple au rectorat de Créteil on cherche désespérement des profs de maths, français, parce que c’est un taf ingrat que personne ne veut plus faire, et que les profs ils sont pas « absents » mais plutôt « pas recrutés », ce qui est légèrement différent. Eh oui, là encore, du tweet au ras des pâquerettes sur les fournitures qui sont pas faciles à trouver, tellement à l’ouest, de gens qui pleurent la bouche pleine, Internaute, alors qu’en Seine Saint Denis leur rejeton n’aurait même pas de maître. Ou un taré recruté la veille au Pôle Emploi pour lui apprendre à lire.

Comme dirait mon médecin traitant « et vas-y qu’on continue de nous mettre des alertes pickpockets dans la ligne 2, attention à vos poches… mais les pickpockets, ils sont pas dans le métro les gars réveillez-vous! »Bref, je continue de chercher une bonne raison de ne pas être blasée par notre inefficacité collective à lutter contre cette poignée de blaireaux qui s’arrogent tous les pouvoirs pour faire n’imp’, mais en attendant, j’ai décidé de mettre en route des trucs. Déjà, j’ai la fin de mon tricot sur le grill, et puis un jour prochain, Internaute, je te parlerai de comment j’ai rencontré un petit garçon de 6 ans qui s’appelle Sheyon, histoire qu’on se change les idées.

D’ici là, porte-toi bien et n’oublie pas d’économiser pour ta retraite.

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