Ô internaute,
ce dimanche, alors que je goûtais paisiblement ma dépression hebdomadaire du soir qui tombe et de la semaine qui reprend du début, une série de RT identiques sur ma TimeLine Twitter a attiré mon attention. Pensant d’abord qu’il s’agissait d’une bonne vanne de ma bibine team, je lui ai donc consacré une lecture attentive pour ne pas manquer ma part de rigolade. Mais à mon grand désappointement voici ce que j’ai pu déchiffrer: « Je suis sûr que dans les 50 000 p à Bastille, aucun n’a jamais monté une boite, créé un emploi, eu une ambition », référence, donc, à la marche civique du Front de Gauche pour la VIème République. Or internaute, ce tweet, émanant de l’éminent M.A. _délégué national des jeunesses populaires, mérite qu’on s’y attarde.
Car que nous y indique-t-il ? Premièrement, que le sentiment profond qui l’anime est un mépris de classe. Ne sont dignes de sa haute considération que les entrepreneurs, qui selon lui ne figurent pas au nombre des sympathisants du Front de Gauche. D’où tire-t-il cette conclusion? Nul ne le sait. Peut-être estime-t-il qu’aucun patron de PME sensé ne peut-être en faveur des mesures prônées par ce parti, car un entrepreneur ne peut vouloir la redistribution équitable de ses bénéfices entre lui et des salariés qu’il considère?
Ce qui est sûr, c’est que dans la logique implacablement binaire de l’éminent M.A, seul l’entrepreneur a de l’ambition. L’ouvrier, lui, est tout juste bon à suivre des cortèges de braillards chemin faisant vers la Bastille, sans jamais se poser la question du sens profond qui remplira son existence misérable. Alors quelle peut bien être l’ambition d’un patron _toujours selon l’éminent M.A.? L’espoir que le Dieu Capital posera son doigt immaculé sur sa PME, et, à terme, de gagner plein de pognon au son des trompettes de la renommée?
Eh bien sachez, cher M.A, qu’il existe sur Terre d’autres ambitions que de gravir l’échelle sociale vers le plafond de son Livret Orange. L’envie de vivre paisiblement avec sa famille, d’aider son prochain et d’en tirer une reconnaissance fraternelle, le souhait d’évoluer dans une société de bienveillance mutuelle, de transcender sa propre culture par le voyage et la tolérance, ou de créer par l’art des mouvements d’âmes universels, sont aussi des ambitions qui méritent le respect. Et il est regrettable que vous n’en ayez pas conscience, car malheureusement, en tant que représentant de la jeune garde de votre parti, vous parlez au nom de certains qui ont peut-être une vision moins vaine de l’entreprise privée.