Vivre avec un Zicos

Un jour, @virberg (http://virginieberger.com/) m’a demandé au détour d’un mojito:

« …. mais au fait, tu sais comment c’est, toi, vivre avec un zicos? »

Ben ouais, je sais.

Et si c’est ton rêve, je te préviens, lis ce qui suit avant de te lancer:

(…Et si c’est toi l’artiste, suis mes conseils -pour ton bien)

Car bien sûr, théoriquement c’est magique de sortir avec un mélomane, et plus d’une est attirée par l’aura magnifique de l’artiste en éclosion, mais ça, c’est avant de s’installer en couple.

Qui dit artiste dit libre et anticonformiste ? Soit. Mais pas seulement.

 

Problème n°1: La précaution compulsive

La première chose que le zicos apporte chez les gens, notamment sa copine, c’est son instrument. Car l’inspiration, dit-il, peut survenir à tout moment.  Certes. Mais les garçons normaux trimballent plus des caleçons de rechange et leur brosse à dents, qui soit dit en passant prennent quand même vachement moins de place.

Au début il va faire le mignon à te jouer des ballades pendant que tu cuis les spaghetti, mais toi et moi on sait que ça ne va pas durer longtemps. Au bout d’un moment il commence à coloniser le territoire à l’aide de son fidèle compagnon à cordes/vent/percussion. Quand il a fini de gratouiller, tambouriner, souffler, il l’abandonne en diagonale au milieu du canapé là où t’as  l’habitude de poser ton séant pour regarder le Petit Journal en mangeant des Curly. Dorénavant, il te met la pression à chaque fois que tu le frôles (« fais gaffe, putain ! »), car tu risques à tout moment de le faire tomber, de le rayer, de le briser. Il ne veut pas le ranger dans sa housse vu qu’il mate juste un truc sur Youtube et qu’il s’y remet après, touche pas fais gaffe je te dis.

On atteint le stade ultime de l’absurde quand il te demande d’enfermer le chat dans la chambre le temps de s’absenter, de peur que le félin neurasthénique qui roupille sur le placard ne fasse ses griffes sur la prunelle de ses yeux. Et entre le chat et lui, malgré ce qu’il croit, il y a débat (déjà, c’est qui le plus doux ?).

Que faire ? Reconsidérer la housse pourrait lui éviter une grosse déconvenue, après tout ça ne prend pas une heure de tirer une fermeture éclair.

 

Problème n°2:La loi du silence

Il est 17h et tu rentres du travail, toute frétillante à l’idée de lui raconter les derniers potins du bureau. Ce que tu n’as pas prévu, c’est que là il tient un truc, une rime, un accord, et le temps qu’il trouve quoi en faire, ce serait mieux si tu ne lui parlais pas, ça va le déconcentrer sinon. Tu pars donc dans la chambre bouder, mais ça commence à se gâter au moment ou tu entends pour la trois centième fois le même riff, qui t’empêche de te concentrer sur ton speach de demain ou ta série télé. Effectivement, de l’extérieur, l’effet martelage sonore pourrait rendre dingue même un narcoleptique, mais il ne l’entend pas de cette oreille, vu qu’il crée son art. Tu surgis donc dans le salon d’un air que ça va barder.

Que faire ?

C’est le moment d’envisager des plages horaires no music (soir pendant le Petit Journal, nuit), qu’il peut remplacer par « câlins et dialogue », « petit plat mijoté avec amour », ou autre, je vais pas lui mâcher le travail non plus.

 

Problème n°3: Le syndrome post-ado

D’ordinaire, qui dit couple dit cocooning, soirées Trivial entre amis, restaus mignons et apéros feutrés dans petit deux pièces. Soit : les activités auxquelles se livre le commun des mortels pour se distraire. Enfin, en général. Parce que dans le milieu zicos, on a beau friser la trentaine tranquille, quand on dit soirée entre amis, c’est pintes à volonté, kebab sur le pouce, caïpis, vodka red bull, fin de soirée chez un pote, bouteilles de sky du rebeu en bas, hurlements jusqu’à l’aube et on se disperse quand la police tape à la porte.

La fête 72h non-stop c’est l’élément de cohésion, le pacte implicite de solidarité (dans la galère et aussi la gueule de bois). Elle permet de régler les embrouilles de la semaine, quand Martin a oublié de venir faire la balance pour Max, et aussi l’histoire de Julie qui a perdu l’écrou du pied de micro de Jérôme. Une accolade (« je te kiffe trop, tu le sais ça ? »), un vomi, et on n’en parle plus. Mais la copine, toi donc, n’a pas besoin de cette fusion cathartique car tu ne partages par ces trépidantes aventures. Donc il faut t’attendre à t’ennuyer à un moment. Et à faire la gueule s’il préfère rester parfaire son alcoolémie plutôt que t’accompagner.

Que faire ? A lui d’alterner entre eux et toi s’il ne veut pas rapidement se faire traiter d’ado sur le retour, ou à toi de boire suffisamment pour que le temps passe vite.

 

Problème n°4: Le budget

Il a décidé d’être artiste et c’est sa force. Il consacre son énergie et son argent à la poursuite de son rêve, et comme la musique, ça prend pas mal de temps, il cumule le RSA et les cachets occasionnels et il alterne avec des petits boulots à mi-temps. Une fois qu’il a acheté le matos du mois, il se paye des clopes et des bières, rapport à la cohésion du groupe, donc.

Jusqu’au jour où tu l’invites parce que t’as vraiment envie de sortir et qu’il n’a pas le budget pour un restau. Là, son orgueil de mâle en prend un coup, il commence à se demander s’il est à la hauteur, s’il peut assumer une vie de couple, et il flippe. Du coup tu n’oses plus l’inviter de peur qu’il panique et tu te frustres.

Que faire ? Bonne nouvelle : on n‘est plus en 1780. T’as des sous, tu l’invites au restau? Qu’il sourie et qu’il aille manger. Il aura l’occasion de briller le jour où il faudra couper et poser des étagères, remettre un malappris à sa place, retrouver le chat… pas besoin de fric pour être viril, figurez-vous dis donc.  Ou alors, qu’il arrête de boire, pour dégager des fonds.

 

Problème n°5: Lui et les filles

Un truc que tu adorais au début c’était venir le voir en concert. Mais depuis que tu sors avec lui tu trouves ça vachement moins sympa. Pourquoi ? Premièrement, parce qu’il te demande de lui apporter l’ampli qu’il a oublié alors que tu pensais arriver pour 21h. Du coup t’es obligée de te coltiner la balance, qui n’est pas captivante, et de tenir la jambe à l’ingé son le temps que Chéri retrouve le bon câble dans son sac plastique.

Deuxièmement, il y a toujours au premier rang ou aux premières tables un parterre de filles très enthousiastes qui gloussent à chaque fois qu’il leur accorde un regard, ce qui a le don de t’énerver. Et comme il est tout à fait capable de sortir avec une fan (ça a bien marché pour toi), tu ne le crois pas trop quand il dit qu’il n’avait pas remarqué la bande de copines qui est venue discuter avec lui pendant la pause, et t’ es obligée de rôder alentours pour les (le) surveiller, ce qui est pas mal stressant.

Que faire ? Eviter de disparaître de son champ de vision. Ne pas oublier de lui coller deux smacks ostensiblement pour bien montrer aux filles qu’il est déjà pris. S’il fait le malin, ne pas l’aider à remballer et à porter son barda dans le métro quand tout le monde sera parti.

 

Un dernier détail

Bon. Tu partages son quotidien, tu te farcis ses potes, ses répètes, ses questions existentielles, ses groupies, depuis un an, deux, dix, en lui disant que tu l’aimes chaque jour un peu plus ? Donc l’amour est plus fort que tout.

N’espère pas qu’il va comprendre que tu voudrais une chanson d’amour à ta gloire. Demande la lui.

 

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