Internaute, je suis indignée. Eh oui, encore.
En effet je viens de constater que l’industrie agroalimentaire compte repousser chaque jour les limites de la condescendance à mon endroit, à travers des produits supposément novateurs censés faciliter la vie de la femme moderne et pressée que je suis, et toi aussi sûrement. (Ou alors tu es un homme, mais dans ce contexte précis peu importe).
Dans les rayons du supermarché que je fréquente, il m’est déjà arrivé de croiser des croques-monsieur sous vide, ce qui me rend déjà perplexe, malgré l’air réjoui des gamins de la pub : « ouais, Maman fait des croques! » (Non, Maman perce un opercule, déballe deux éponges pleines de polyphosphates et les fourre dans un micro-ondes, prions pour que l’emballage ne rende pas stérile comme celui de ton Nutella matinal.)
En effet quelle ménagère peut être suffisamment désespérée pour dépenser 2.50€ les deux sandwichs rachitiques, alors qu’avec la même somme, 1 minute et éventuellement un couteau elle peut en faire plus et vachement meilleurs? Je ne saurais dire. Peut-être que certaines ont du mal à gérer les couches? (« Alors euh, c’était quoi déjà… Jambon, pain de mie, fromage… euh non, le pain de mie d’abord je crois, Chéri, tu peux regarder sur internet? »)
Mais il y a pire que le croque-dégueu de Harta. La pub que je viens de découvrir dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer. Si je n’avais pas été informée par les médias, jamais je n’aurais cru à cette « invention ». L’objet du délit: une pâte à tarte. Attention je ne dis pas que toute pâte à tarte doit-être faite maison, moi-même je n’ai pas que ça à foutre de feuilleter l’appareil pendant dix plombes avant de disposer les pommes en rosace. J’achète, je déroule, je pique avec une fourchette, et c’est réglé, on est encore dans le domaine du progrès. Et bien internaute accroche-toi, car gare à la foudroyance de l’éclair du génie marketing: pour une majoration substantielle du prix au kilo, dorénavant la télé me propose d’acheter une pâte à dérouler pré-trouée! Parce que sortir une fourchette, c’est comme les couches du croque: trop d’intendance pour moi.
Bon, j’en ai besoin deux secondes après pour battre les oeufs de ma quiche, mais j’ai confiance: bientôt, on me proposera au rayon frais une bouteille d’oeufs déjà battus, mixés avec les lardons, le gruyère en plastique et une solution rendant le tout imputrescible, et tous ensemble, nous marcherons vers le progrès (et le cancer). Ceci étant, dans le fond, je comprends l’idéologie d’Harta: la quiche, c’est l’avenir. Et les meilleures sont devant leur télé.
(Comme d’habitude, un grand merci aux lecteurs de WeLoveWords pour leurs commentaires! )